Vies nomades

Bonsoir, comme il a fait très mauvais en début de semaine j'ai commencé à lire un bouquin à l'ambiance appropriée, rude mais passionant. Le récit d'une expédition ecclésiastique au Moyen-Age vers une petite communauté groëlandaise - la Nouvelle-Thulé - isolée à l'époque depuis plus d'une cinquantaine d'années. Il faut savoir que la colonisation du Groënland s'est déroulée à une période de réchauffement climatique où elle était encore une contrée prospère et verdoyante, le retour progressif des glaces a réduit les colons à une grande misère, des moeurs rudes et un retour au paganisme, d'où l'intérêt d'y envoyer des missionnaires que ce voyage changea tout autant que leurs ouailles. Au passage ce sujet se rapproche de celui d'une excellente bd Sept missionnaires - beaucoup plus drôle - contant les tribulations d'une communauté de moines partie évangéliser de féroces guerriers vikings pour racheter leurs fautes auprès de leurs supérieurs, chacun ayant son pêché capital de prédilection, orgueil, avarice, colère, luxure, etc.
Pour revenir à notre sujet, de nos jours couvrir de très longues distances, voyager vers de lointains horizons est devenu relativement simple - si l'on dispose des sommes nécessaires bien entendu - alors que jusqu'à il y a un siècle encore, c'était toute une expédition dont on était pas sûr de revenir.
Cela l'était encore moins pour la gent féminine, je voulais en parler parce que bien que les femmes voyagent et aient toujours voyagé - en tant que pélerines, pionnières, membres de tribus nomades - il y a toujours un ou deux clichés amusants qui courrent à propos d'elles à ce sujet.
Celui par exemple de l'aventurière façon dix-neuvième-siècle-début-vingtième, belle, mystérieuse et impitoyable, amante vénèneuse, préoccupée avant tout par le triomphe de ses propres plans, qu'il s'agisse de mener à bien une révolution pour récupérer ses titres de noblesses ou rechercher un trésor qui lui permettra de mener la dolce vita. Hugo Pratt dans Corto maltese a peint pas mal de femmes de ce type.
et en prime une petite vidéo, adaptation de Corto Maltese en Sibérie
 Le second archétype récurrent est la guerrière, dans les récits médievaux ou d'héroïc-fantasy.
Il existe deux fantasmes distincts à ce sujet, tout d'abord la guerrière sexy qui - qu'elle soit adversaire ou adjuvante - est surtout là pour les scènes de nu (là pas d'illustration, on trouve bien assez de ce genre d'images sur internet !). Ensuite la guerrière amazone, très jolie aussi mais reste farouche et distante des hommes pour préserver son indépendance. Elle y gagne le statut d'héroïne à part entière, la joie de mener ses propres quêtes mais connait les mêmes difficultés que les guerriers, violence des combats, fatigue et lassitude sans ésperer comme eux pouvoir trouver le réconfort d'un foyer.
 De nos jours, les jeunes filles seules en voyage travaillent devant leur ordinateur au lieu d'aller combattrent des forces maléfiques, c'est plus confortable mais cela manque tout de même un peu de panache. A bientôt !

Commentaires

  1. Ce sont en effet les clichés qui courent,(je dis bien: c-o-u-r-e-n-t) et je ne sais pas s'ils courront longtemps, s'ils courront toujours encore et encore (je dis bien: c-o-u-r-r-o-n-t). Bon, il est certain que la sage Pénélope ne voyage pas, elle, et qu'elle se contente de mener en bateau ses prétendants, en attendant que son époux et maître revienne au pays.
    Comme il faisait mauvais ici aussi, je suis allée faire un tour au musée des Beaux Arts.J'y ai vu là aussi quelques archétypes, (outre ceux que tu signales et qui concernent la femme qui se déplace) : la femme qui pleure:d' émotion,comme la veuve de Sarepta quand Elie ressuscita son fils; de désespoir,comme Andromaque et ses suivantes lorsqu'elles récupérèrent le corps d'Hector;ou comme les saintes femmes recevant le corps de Jésus à la descente de croix;et la suppliante, comme les Sabines s'interposant entre leurs époux et leurs pères pour les empêcher de s'entremassacrer.

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    1. Ignorantus19/5/12 12:40

      C'est pas sur le commentaire d' Agrado que j'enchaîne. Je voudrais juste savoir le titre du roman. C'est "La nouvelle Thulé"? C'est de qui? Merci d'avance. Bon, sinon à propos de la BD des Sept missionnaires, elle est sûrement bien, mais j'arrive pas à la mettre pleine page, alors je peux pas lire.

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    2. Ne fais pas trop attention à mes fautes, j'ai beaucoup de travail en ce moment et pour le blog mon attention se relache quelque peu à ce niveau, merci cependant pour ses détails d'autres archétypes.

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  2. Ah, autant pour moi je vais essayer d'améliorer la qualité de l'image. Sinon le titre du roman est "Court serpent" (du nom du bateau de l'expédition) et son auteur Bernard du Boucheron, un écrivain débutant octogénaire !

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  3. Ignorantus22/5/12 00:26

    Bonjour! merci pour l'indication du bouquin...Bon, je ne sais pas si j'aime ce truc plein de scènes abominables. C'est sûr que le style est accrocheur mais cela me met mal à l'aise: j'ai l'impression que l'auteur prend plaisir à raconter des horreurs et veut nous faire prendre plaisir (évidemment) à les lire. En psychiatrie cela s'appelle un pervers: le pervers cherche à faire des adeptes! De même j'ai laissé tomber la lecture des "Bienveillantes" dont on a beaucoup parlé, parce que la description, là encore, n'est pas anodine.Je crois d'ailleurs que l'auteur des "Bienveillantes" avait déclaré s'être "forcé" à écrire ce qu'il a écrit, alors, je trouve cela...mauvais pour la santé psychique. Mais cela aurait été une preuve de sa perversité s'il avait déclaré y avoir pris plaisir!

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  4. Bonjour, moi non plus je n'ai pas pris plaisir a lire ce livre et j'ai trouvé la fin franchement très triste. Idem pour "Les Bienveillantes", j'ai pu en lire des extraits mais jamais la totalité. Ce n'est pas par perversité que je lis ce genre de chose mais par curiosité, malheureusement si on veut avoir une bonne connaissance du monde il faut aussi se frotter a ce type d'écrits. Cela dit je lis et je regarde aussi des tas de choses joyeuses, drôles ou tendres pour soigner ma santé psychique, je ne me complais pas dans les trucs pénibles !

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  5. Ignorantus22/5/12 07:25

    Vous avez mal lu ce que j'ai écrit! Je ne vous soupçonne pas de perversité, je dis que ce sont ceux qui décrivent de pareilles scènes qui sont pervers.Pour avoir une bonne connaissance du monde il n'est pas nécessaire de lire les oeuvres littéraires qui flattent la noirceur (que nous ignorons généralement heureusement), qui est au fond de tout être humain, et que la "civilisation" ou "l'éducation" empêchent heureusement, en temps normal, de se manifester chez la plupart d'entre nous. Cependant cette noirceur ne demande qu'une circonstance favorable,ce qui se produit dans les périodes où "tout fout le camp" comme on dit, (voir les abominations qui se passent lors des guerres,abominations commises par des personnes dont on aurait pensé pourtant que leur éducation les en empêcherait).Et je maintiens qu'écrire de pareilles horreurs, donc espérer qu'elles seront lues, c'est faire du mal à ceux qui les liront,(ne serait-ce que de les rendre malheureux le temps de la lecture).C'est faire trop d'honneur à ces écrivains que de les lire!Mais l'Académie a cru bon de lui donner un prix alors...

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