Les choses sauvages

Bonsoir, récemment j'ai assisté et participé à des cours de français donnés à des petits de trois à cinq ans, pour la plupart issus de couples mixtes et de familles francophiles ou comptant des français. J'étais assez curieuse de connaître le genre de cours de langue que l'on peut dispenser à des enfants si jeunes. En fait c'est assez simple, des activités normales de classes maternelles, chansons, comptines, jeux, bricolages, lectures, le tout en français en choisissant avec soin des situations permettant d'assimiler du vocabulaire - la chanson "gentille alouette" pour toutes les parties du corps de l'animal ou faire compter les biscuits du goûter par exemple. Beaucoup de pédagogues se prennent la tête à inventer des méthodes révolutionnaires pour instruire les enfants alors que la meilleure solution est de leur présenter la chose de la manière la plus ludique possible, et surtout comme quelque chose d'attractif et de passionant. L'attitude des parents peut motiver ou décourager à elle seule leur progéniture. Enfant, j'ai appris des rudiments de grec de cette manière auprès de ma mère, universitaire helléniste, tout comme la quasi-totalité de la mythologie grecque - d'où vient mon prénom un peu inhabituel.
J'en profite pour vous passer une vidéo traitant ces mythes à la manière de cartoon tout en leur étant très fidèle, ce dessin animé est basé sur les albums Les dieux de l'Olympe de la dessinatrice Nadja.
On peut se demander s'il est très recommandable de raconter de telles histoires à un jeune public, parce qu'après tout les mythes grecs - comme du reste toutes les autres mythologies - décrivent avec les prodiges et métamorphoses des actes très crus et violents. On y trouve en vrac coucheries, tromperies, meurtres - le plus souvent au sein de la même famille par dessus le marché ! - mutilations, cannibalisme, inceste et j'en passe.
Saturne (ou Cronos) dévorant l'un de ses enfants par Goya (pour éviter d'être détrôné par l'un d'eux, effort inutile au demeurant car il le sera de toute façon)

Danaé par Gustav Klimt (fécondée par Zeus changé en pluie d'or, il ne reculait devant aucune forme - nuage, cygne, taureau, voire mari de sa proie - dès qu'il s'agissait de séduire ! )

Ce serait oublier que les enfants - s'ils ont évidemment besoin d'être protégés des actes et des images destructrices - ne sont absolument pas choqués par certaines choses que les adultes jugent terribles. Quand on est petit, même au sein de foyers aimants et protecteurs, on se prend chaque jour en pleine figure la réalité de l'agressivité du monde et de ses propres pulsions. Une certaine violence est habituelle, le recul ne s'apprend qu'en grandissant. Les meilleurs histoires pour enfants sont celles montrant comment accepter et circonscrire ce potentiel destructeur. 
L'auteur Maurice Sendak, décédé ce mardi, a très justement illustré les fantasmes enfantins dans la plupart de ses livres. En particulier dans Max et les Maximonstres/Where the wild things are mettant en scène un petit garçon parti en imagination sur une île peuplée de grosses créatures hideuses et sympathiques, suite à une dispute avec sa mère. Ces "choses sauvages" le proclament roi avant de tenter de le dévorer, précipitant  ainsi son retour vers un réel apaisé.

Une des plus belles pages en hommage, espérons que d'autres dessinateurs aussi talentueux prendrons la relève

A bientôt et bonne soirée ! 

Commentaires

  1. Oui oui oui, mais les chérubins "de mon temps"(je vous parle d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître)ne découvraient ces contes horribles de belles-mères qui veulent manger le coeur de leur belle-fille, ou d'ogre avec un grand coutelas ou de père abusif que lorsqu'ils avaient l'âge de les lire. Aujourd'hui ils les découvrent dès 3 ou 4 ans sous forme de dessins animés et les images impressionnent plus que les mots, les psychologues et psychiatres le disent( bon d'accord, ils ne sont pas Dieu quoique...)De plus les enfants d'aujourd'hui si leurs parents les laissent avec eux dans la pièce où la télé est allumée, croyant qu'ils ne comprennent pas ou qu'ils ne font pas attention car ils sont en train de jouer se trompent...

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    1. Bonjour, merci pour ta fidélité, je me doutais bien que tu ferais un commentaire sur le sujet, mais ici j'ai parlé de récit et non d'images. Je voulais dire que la violence des mythes et contes est déjà présente à l'esprit des enfants lorsqu'il les découvrent et que cela leur permet de la symboliser et de la dépasser plutôt que de se croire mauvais ou anormal parce qu'ils ont parfois des pensées aggressives notamment envers les membres de leur famille. Mais je suis tout à fait d'accord avec toi lorsqu'il s'agit de les protéger des images violentes ou pornographiques qui là se substituent à leurs propres représentations et peuvent leur faire beaucoup de mal.

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