Dragons et merveilles

Bonsoir, ces derniers temps dans l'actualité internationale, on parle souvent de la Chine qui, outre les soucis économiques fait face à un problème beaucoup plus original : la multiplication des naissances entrainant une pénurie de chambres dans les maternités. La raison de cette hausse d'enfantements est culturelle, nous sommes actuellement dans l'année du dragon, le seul animal mythologique et le plus bénéfique des douze signes du calendrier astrologique chinois.
Etant moi-même un ancien petit dragon - 24 ans ce 18 juin - la note du jour portera sur ces fabuleux animaux. En Chine, le dragon est un symbole extrêment positif, reliant le ciel à la terre et l'eau au feu, il incarne l'union harmonieuse des éléments et des principes contradictoires de la nature. Comme le signe du tao mariant la lumière et l'obscurité, il peut représenter la totalité du cosmos. Dans certaines légendes orientales, le corps d'un dragon était d'ailleurs la matière primitive de l'univers. Il est l'intermède pas forcément bienveillant mais toujours utile et de sage conseil des divinités, l'image de la puissance de l'empereur et des plus grands philosophes. Ainsi, Lao-Tseu a parfois reçu le surnom de dragon.
 Les bébés nés sous ce signe sont censés en acquérir toutes les vertus, force, sagesse et détermination... En occident en revanche, la symbolique des dragons est beaucoup plus ambigüe et assez négative dans l'ensemble. Ils représentent également un amalgame de forces et d'éléments contradictoires - griffes et ailes, eau, terre et feu - mais vus comme une matière chaotique, dangereuse et destructrice. Les dragons occidentaux sont des créatures solitaires, égoïstes, jalouses de leurs possessions - territoires ou trésors - et amatrices d'énigmes tordues. L'un des plus célèbres dragons de ce type est Smaug le gardien du trésor sous la montagne dans Bilbo le Hobbit de Tolkien. A noter que dans l'univers du Seigneur des Anneaux, les dragons sont aussi appelés "vers" à cause de leur capacité à ramper.
Les dragons sont presque toujours gardiens de quelque chose de précieux, qu'il s'agisse d'un trésor très concret ou plus symbolique comme un arbre de vie ou une source miraculeuse. Chercher à s'emparer de ces biens peut conduire à la mort ou à la folie si l'on croise son regard. L'oeil de la bête est en effet révélateur de zones très obscures de la psyché ou toutes les oppositions fondamentales
- haine et amour, céleste et terrestre, ignorance et connaissance, etc - sont inextricablement emmêlées. Cotoyer un dragon peut donc apporter la richesse de la connaissance ou la perte totale de sens.
La mythologie chrétienne en a fait un des symbole du Mal puisqu'il apporte la division intérieure au lieu de réunir l'esprit dans la quête de pureté et d'élevation. Dans cette optique dualiste le dragon est souvent associé aux femmes pendant leurs périodes d'"impureté", règles ou accouchements, mettant les hommes faces à l'ambivalence de l'existence. L'une des visions de l'Apocalypse est d'ailleurs celle d'une femme mettant au monde un enfant qu'un dragon tente de dévorer avant que le nouveau-né ne soit sauvé et élevé au ciel.
Ce thème se retrouve décliné sous différentes formes dans la culture contemporaine. La princesse Daenerys Targaryen de la série Game of Thrones - cf photo du dernier post, au commentateur qui me demande une analyse de cette série je crains de ne pas vraiment avoir le temps ^^ - ne parvient ainsi à faire éclore ses oeufs de dragon qu'après avoir elle-même accouché. La bande-dessinée Moi, dragon met notamment en scène une lignée au sein de laquelle les femmes se changent en dragon après avoir mis un enfant au monde.
 Voilà, le sujet des dragons est inépuisable, ne serait-ce qu'en faire l'inventaire dans toutes les mythes pourrait prendre plusieurs années de blog. Cloturons ce chapitre par la bande-annonce du jeu Skyrim, dans lequel on incarne un élu - encore un ! - possédant le pouvoir de vaincre par sa voix les dragons.
 
Bonne soirée et à bientôt pour une note moins mythologique !

Commentaires

  1. Bonjour! Me revoilà! Ta mention du dragon d'Ap,12 dans le cadre des "hommes face à l'ambivalence de l'existence" me fait penser, à propos de dévoreur de nouveau-né,à Chronos dévorant ses enfants, comme à tous ces pères mythologiques redoutant d'être supplantés par leurs fils.(On peut mettre dans le lot, Hérode et le massacre des innocents).La particularité d'Ap 12, cependant, est d'annoncer la défaite du dragon, donc, chrétiennement parlant, la victoire de la vie sur la mort grâce à Dieu(le Père?) qui emporte l'enfant auprès de lui. Mais du point de vue que tu évoques,c'est-à-dire, me semble-t-il, la victoire du principe "femelle" ou "féminin"comme l'on voudra, sur le principe "mâle"ou "masculin", la mère serait l'alliée de l'enfant contre le père, qui est le principe séparateur précisément, entre la mère et l'enfant. Mais ce "diabolos" paradoxalement est nécessaire pour que l'enfant puisse exister en tant que sujet...Alors là,si l'on revient au christianisme, mon esprit vacille:le "diabolos" serait-il un double du Père ou son autre face? Et voilà pourquoi le Fils meurt!(Comme ça il est séparé de sa mère!)et le Père le ressuscite, (comme ça il est avec Lui,il est sauvé, il devient Lui!)Hum! Je me demande si je ne suis pas en pleine hérésie...Il me vient à l'esprit également, "La flûte enchantée":La reine de la nuit prétend sauver sa fille des griffes de Sarastro (son père si j'ai bon souvenir), alors que ce "méchant" est en fait le "diabolos" nécessaire qui, pour le bien de Pamina,va séparer celle-ci de sa mère.

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