Les âges de la vie

Bonjour, ce matin une note picturale sur les différents âges de la vie à travers les arts. Le déroulement d'une vie humaine est habituellement illustré de la manière suivante dans les frises chronologiques correspondantes, à l'image de celle ci-dessous d'un illustrateur anonyme datant du dix-neuvième siècle, l'artiste a pris soin de faire évoluer les vêtements des personnages qui vont de la période révolutionnaire au second empire en passant par l'ère napoléonienne.

Dans la mythologie grecque antique, le destin était représenté par trois fileuses, les Moires, Clotho, Lachésis et Atropos, respectivement chargées de filer, étirer puis sectionner les fils des vies des mortels. Ces allégories ont migré à Rome où on les appelait les Parques, si elles se nommaient à présent Nona, Decima et Morta, leurs fonctions demeuraient identiques.

A Golden Thread par John Melhuish Strudwick (1885)

Depuis toujours, on a coutume d'allier la temporalité à la féminité, le passage du temps s'inscrit dans le corps des femmes à travers les cycles des règles, de l'enfantement, de la cessation de la fertilité et de la mort. Au Moyen-Age ainsi qu'à la Renaissance, il était courant de mêler des représentations de la faucheuse, de crânes ou de squelettes se livrant à des danses macabres à celles des activités ou objets du quotidien en guise de vanité, rappel de la brièveté de la vie terrestre. Dans ce tableau du peintre Baldung, la jeune femme s'admire dans un miroir sans prendre garde à la Mort qui tend vers elle le sablier des années qui s'écoulent en attirant son voile, étoffe dont une partie couvre la petite fille à l'existence balbutiante tandis que la plus vieille des trois figures s'élance, elle, vers son destin.

Les trois âges de la femme et la Mort par Hans Baldung (1510)

Cette symbolique se retrouve dans l'art contemporain, des peintres expressionnistes comme Munch ont reprit le thème des trois âges de la vie dans des œuvres de facture assez simple. Ici, le jeu des couleurs, des teintes les plus claires aux plus sombres, la femme passe d'une robe blanche virginale à une nudité conquérante et termine le cycle corsetée dans une tenue de deuil noire. A ses côtés un personnage dont on ne sait trop ce qu'il représente, peut-être une figure de passeur des défunts ?

Les trois âges de la femme par Edvard Munch (1899)

De nos jours, si ce genre de symbolique n'est plus trop usitée en peinture, on la retrouve néanmoins bien présente dans les arts, la sculpture, la photographie par exemple ou sur les objets du quotidien à l'image des vêtements ou bijoux ornés de têtes de mort, comme je l'avais déjà écrit il y a un moment dans ma note sur les zombies. Ci-dessous une photographie datant de 2012 de Lizzie Saint Septembre, artiste à la fois modèle, photographe et chocolatière. L'image reprend des symboles que l'on retrouvait dans les anciennes vanités, le crâne, un petit réveil, version moderne du sablier et des fleurs coupées encore fraîches. Les trois modèles se dépouillent de leurs vêtements et attraits à mesure que passe le temps.

Terminons sur la belle œuvre graphique mise en musique qui m'a donné envie d'écrire cette note, je vous retrouve dans deux semaines d'ici là, bon vent !