Par delà les ombres

Bonjour, nous sommes en novembre, tournant vers l'hiver, mois de la Toussaint, fête des morts. L'an passé j'avais écrit une note sur les origines d'Halloween, je parlerais aujourd'hui de retour de l'au-delà et des minces frontières entre les vivants et les morts à travers un roman et une bande-dessinée. 
Le roman de Laurent Gaudé, La porte des Enfers, publié en 2008, est une belle reprise contemporaine du mythe d'Orphée et Eurydice, au détail près qu'il ne s'agit plus cette fois d'un amant partant chercher l'ombre de sa bien-aimée mais d'un père descendant retrouver son jeune fils aux enfers.
Le récit se déroule principalement dans le sud de l'Italie à deux époques, deux fils temporels qu'a priori rien ne lie. On assiste en 2002 à l'épopée vengeresse d'un jeune homme, Philippo, parti en quête de ses parents disparus depuis des décennies, et de l'homme qui a entraîné la dislocation de sa famille. En 1980, un petit garçon de six ans, Pippo, est fauché en pleine rue par la balle perdue d'une fusillade. La mère de l'enfant, Giuliana, au comble du désespoir, sombre dans la folie et abjure alors le père, Mattéo, de lui rendre son fils, et à défaut lui fait promettre d'abattre l'assassin. Incapable de réaliser cette promesse, Mattéo se voit quitté par sa femme. Au détour de ses errances sans but dans les rues de Naples, il rencontre plusieurs personnages dont un étrange professeur qui lui révèle l'emplacement d'une porte qui donnerait accès au monde souterrain des défunts. Mattéo entreprend le voyage au mépris de cet avertissement : on ne peut négocier avec la mort sans en payer le prix... Entre récit réaliste et fantastique, ce roman parle sans mièvrerie de deuil et de retour à la vie s'achevant sur une belle note d'espoir.   
 
La bande-dessinée du jour, La petite mort, de Davy Mourier, sortie en septembre, est un bon petit concentré d'humour noir à la fois absurde et porteur de bonnes réflexions.
Cet ouvrage, qui malgré son titre ne parle pas du tout d'érotisme, se présente comme une longue série de strips - des petites histoires réparties sur quelques cases - en noir et blanc. La petite mort est un squelette miniature évoluant au sein d'une famille de faucheurs. Quand il sera grand, il sera chargé comme son papa d'aller faucher les êtres vivants ce qui le contrarie plutôt car il préférerait être fleuriste ! En attendant, comme n'importe quel petit humain, il fréquente l'école, joue avec son chat et son poisson rouge, questionne ses parents et essaie de se socialiser avec ses camarades humains en dépit du fait qu'il soit destiner un jour à emporter leurs âmes. L'auteur a évité l'écueil du morbide en ne se consacrant pas qu'au seul thème de la mort, au delà de l'ironie grinçante de certaines situations, la progression du récit s'organise d'avantage autour de questions existentielles sur l'enfance, la famille, les sentiments, rendues plus ardues par la position de la petite mort. 
   
Terminons sur une mise en scène musicale et théâtrale d'une prière par le compositeur estonien
Arvo Pärt.
A la semaine prochaine !

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