Jardins des origines

Bonsoir, je parlerais aujourd'hui d'un tableau énigmatique, de sociétés secrètes, d'hérésie, et de quête du paradis sur terre, via l'énigmatique tableau ci-dessous et une belle bande-dessinée.
Ce triptique intitulé Le Jardin des délices est l'une des oeuvres majeures du peintre néerlandais Hieronymus van Aken (1450-1516) dit Jérôme Bosch. Il a été réalisé vers 1503, on ignore quel fut son commanditaire et le sens exact voulu par le peintre. L'oeuvre est divisée en trois parties. 
A gauche, le Jardin d'Eden où Dieu présente Eve encore endormie à Adam, le couple originel est entouré de diverses créatures, animaux familiers ou fabuleux vivant en apparente harmonie au sein d'un jardin verdoyant. Même si quelques uns commencent déjà à en prendre d'autres pour proix, il règne une impression générale de stable sérénité baignée de douces lumières.
La partie opposée représente l'Enfer où les suppliciés endurent pour expier leurs pêchés mille tourments très imaginatifs. Certains sont torturés à l'aide d'instruments de musique, prisonniers de démons aux visages hybrides, d'autres attaqués, baffrés et déféqués par de monstrueux animaux, ou des parties de corps géantes, armées, bref, le chaos et l'obscurité règnent.
La partie centrale, est à l'inverse très attreyante, elle représente le Jardin des délices où s'ébattent les enfants d'Adam et Eve. Ils sont nus et heureux, mangent, jouent, font l'amour en toute liberté au milieu de fruits et d'animaux énormes, chatoyants sous un ciel aux nuages dorés, certains ont parfois l'air inquiets ou tristes mais l'atmosphère générale reste extrêmement douce et voluptueuse.
Quelques sources prétendent que Jérôme Bosch aurait été proche des Frères du Libre-Esprit, une secte hérétique pour qui le paradis sur terre pouvait s'accomplir par la prière mais également par le culte adamique. Culte se voulant un retour à l'innocente nudité des origines où le corps était synonyme de communion et non de pêché, faisant au contraire de l'union charnelle la base d'un second paradis. Conception plutôt sympathique :) qui fut malheureusement éradiquée comme pas mal d'autres cultes en désaccord avec la doctrine officielle de l'époque. 
Le dessinateur David B. dans le premier conte du Jardin armé, évoque dans un récit mi-historique
mi-fabuleux le destin d'un groupe d'adamites faisant cécession afin de créer leur propre éden loin de la société, entreprise qui les mène à transgresser toute règle et à régresser sous différentes formes animales, végétales, stellaires...   
Bonne soirée à tous, je vous parlerais peut-être la semaine prochaine de réseaux sociaux puisque cela me prend pas mal de temps depuis que je suis sur facebook et autre, ou alors de canons de beauté.

Commentaires

  1. Bonjour à toi. C'est quoi Forgue Houppin? un CD? un film? D'où sors-tu ces gnomes rieurs? Cela dit le triptyque de Bosch est énigmatique et ses autres tableaux tout autant.Je ne sais si la fumette était à la mode en son temps...
    Pour ce qui est de "l'innocente nudité des origines" où le corps, dis-tu, était "synonyme de communion et pas de péché", je ne sais si l'on peut parler en ces termes. Le texte biblique dit "ils étaient nus et n'en avaient point honte". Cela renvoie plutôt à l'état d'enfance et d'ignorance.Il n'y a pas de sexualité active dans le jardin d'Eden, le corps n'est donc pas synonyme de communion.Les corps sont là, comme ceux des autres animaux, comme la végétation, le relief s'il y en a un. C'est après la sortie du jardin, donc après la sortie de l'enfance, qu'Adam connut Eve.De plus ce n'est pas le corps qui est synonyme de péché dans la Bible, c'est le manque de confiance en la parole de Dieu qui marque une limite: tout est permis sauf...Il est certain que des enfants sans limites ne sont pas heureux car ils recherchent ces limites et se mettent en danger ne les trouvant jamais et ne pouvant se les imposer eux-mêmes.Donc le bonheur, le jardin d'Eden, c'est l'acceptation de la limite.En même temps, l'homme devenu adulte joue avec les interdits, d'où la pagaille monstre dans le monde, mais aussi l'esprit d'invention, toute chose ayant deux faces, une noire et une lumineuse.(D'ailleurs Lucifer n'est-il pas à l'origine l'ange porte-lumière?)Un seul exemple:si l'homme n'avait pas transgressé l'interdit de disséquer les cadavres,la connaissance en serait encore à l'époque paléolithique,(enfin, c'est une image!)
    Mais le mythe du jardin d'Eden, comme tous les mythes je pense, me semble décrire de façon métaphorique ce qui est. Une humanité pareille à Adam et Eve est évidemment invraisemblable et je ne comprends pas que l'on ait pu croire que les débuts de l'homme s'était ainsi passés, et qu'il y ait des gens assez naïfs, encore, pour dire, à propos du "péché originel":"Ce n'est pas juste que nous soyons punis parce que nos premiers parents ont désobéi à Dieu"...

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  2. Salut à toi, Torgue et Houppin sont deux compositeurs de musiques de scène, ils ont beaucoup travaillé avec des chorégraphes comme Jean-Claude Gallotta. C'est mon professeur de danse du lycée qui me les a fait découvrir. Pour revenir au tableau, je n'ai donné ici qu'une des interprétations possibles, ce qui m'intéressait était de montrer une vision moins éthérée du paradis, après, cette interprétation était peut-être juste une bonne excuse pour coucher mais il faudrait connaître mieux le contexte des hérésies de l'époque.

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  3. Bonjour. A bien y regarder, je ne suis pas sûr que le panneau central du triptyque que vous évoquez,représente des gens heureux...Certains m'ont l'air de s'ennuyer.Certains semblent devenus des objets entre les mains d'autres, tel ceux qu'on emporte (en train de copuler?)dont on voit les pieds dépasser d' une sorte de bivalve. Il me semble que l'ensemble donne l'idée de confusion plutôt que d'harmonie ou de délices. Et si l'on sait que le triptyque refermé montre la terre entourée d'eau, grouillante de bêtes,(la mer est le royaume du mal), avec un arc lumineux sur celle-ci(l'arc-en-ciel de l'alliance entre Dieu et la nouvelle humanité qui peuplera la terre à partir de Noé) on peut penser au déluge qui a noyé cette humanité corrompue qui serait celle de la partie centrale du triptyque.

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  4. En effet, on ne connaît pas le titre original de l'oeuvre de Bosch. Mais à quelle époque lui a-t-on donné le titre de "Jardin des délices"? Se pourrait-il alors que le titre soit ironique?

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  5. Bien vu, j'ai rapellé que l'on ne sait vraiment rien sur le sens voulu par Bosch, le jardin peut être effectivement un lieu de désordre et de plaisirs corrompus où un endroit où l'on s'efforce de dominer ses mauvais penchants sans parfois bien y parvenir - on atteint quand même pas le degré d'infamie de l'Enfer !

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