Âme robotique

Bonjour, un peu de science-fiction pour débuter la semaine, nous parlerons d'intelligence artificielle et de l'univers de la robotique à travers une bande-dessinée et un film. La création artificielle d'entités intelligentes et émotionnelles par des savants démiurges est un sujet rebattu de la science-fiction, depuis le début du dix-neuvième siècle, avec notamment le Frankenstein de Mary Shelley en 1818 et sa créature faite de morceaux de cadavres animée par l'électricité, jusqu'aux parutions d'après-guerre - le fameux Robots d'Isaac Asimov, par exemple, paru en 1950, où les machines finissent par supplanter les humains par leur supériorité intellectuelle et physiologique - qui ont fait proliféré le genre.
Horologiom série de bande-dessinée scénarisée et illustrée par Fabrice Lebeault dont les cinq volumes sont parus de 1994 à 2000, décrit ainsi une ville futuriste gouvernée par les machines.

A Horologiom, ville barricadée entre de solides montagnes, peuplée de multiples robots et machines de toutes les formes, des plus classiques aux plus incongrues, conçus pour tous les usages, ainsi que d'humains à l'esprit contrôlé par des clefs implantées dans leur crâne dès la petite enfance, la vie sociale est entièrement fondée sur les lois de la mécanique. Toute manifestation de la vie biologique et affective, émotions, sentiments et imagination, y est proscrite et les dissidents éliminés. La cité est dirigée d'une main de fer par plusieurs instances, une bureaucratie envahissante et un clergé fanatique qui vénère le "Grand Rouage", dieu créateur qui vivrait caché quelque part dans les profondeurs de cette ville tout en hauteur... Un grain de sable va cependant enrayer ce jeu cruel et bien huilé jetant la population dans l'émoi, l'arrivée d'un "homme sans clef", un funambule au passé trouble nommé Mariulo qui devient immédiatement pour certains l'espoir d'une révolution et pour d'autres l'ennemi à abattre. Horologium est une superbe série, une fable sur la liberté et le totalitarisme moderne au ton à la fois grave et bourré d'humour, la ligne délicate et précise choisie par l'auteur ainsi que le graphisme rétro-futuriste foisonnant d'inventivité en font un petit chef d’œuvre que je recommande à tous.

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Passons au film du jour qui vient tout juste de sortir en France Ex Machina d'Alex Garland, un huis clos technologique au charme étrange.

Caleb, jeune programmeur dans une des firmes informatiques les plus prestigieuses au monde, est invité a passer une semaine en compagnie du riche et excentrique PDG de sa société, Nathan, dans sa maison-bunker nichée au cœur de verdoyantes montagnes. Celui-ci lui apprend très vite qu'il l'a fait venir en vu de recherches scientifiques top secrètes, car il a besoin d'un acolyte neutre pour tester sa nouvelle invention, une intelligence artificielle révolutionnaire. En l’occurrence un robot de forme féminine nommé Ava dont il s'agira de déterminer, au fil de séances d'entretien quotidiennes si elle possède réellement une personnalité et une âme, ou du moins si elle parvient à en donner l'illusion. Le film se déroule en sept séquences, une pour chaque jour, qui voient l'intrigue progresser et les quatre personnages - en comptant Kyoko, l'assistante mutique de Nathan - se dévoiler peu à peu. C'est à qui manipulera l'autre, les uns guidés par leur soif de pouvoir et leurs fantasmes, les autres par une farouche volonté de survivre. La mise en scène étouffante, le décor épuré aux murs froids et lisses, des références empruntées aussi bien à des films de science-fiction comme Blade Runner qu'aux mythes de la Genèse, et des dialogues bien ciselés en font un bon film philosophique d'anticipation à découvrir.

Et pour terminer une vidéo astucieuse, un blockbuster miniature créé à l'aide d'un hamster et de quelques morceaux de carton. A très bientôt !