Odeurs de poulpe

Bonsoir, cette semaine j'ai été prise par des tracas administratifs de toutes sortes, je vous propose donc pour contrebalancer et se détendre une courte note sur un thème récurrent dans l'art, l'association de la sensualité féminine avec les animaux marins, poissons, mammifères, crustacés ou octopodes. En peinture, on pense de suite à la Naissance de Venus de Botticelli, célèbre tableau de 1486 montrant la déesse de l'amour, née de l'écume, voguant vers le rivage sur une conque marine.
Ou encore à la fameuse estampe érotique couramment appelée Le Rêve de la femme du pêcheur du peintre japonais Hokusai, réalisée vers 1814, sur laquelle une femme se laisse étreindre par des poulpes.
Cette métaphore marine pour exprimer le désir se retrouve dans le titre, Naissance des pieuvres, du premier film de Céline Sciamma sorti en 2007, portrait pudique et gracieux des émois de l'adolescence.
L'été, une banlieue anonyme, trois adolescentes de quinze ans se trouvent réunies autour de la piscine du quartier, lieu hautement symbolique ou les jeunes gens viennent noyer leur ennui, pratiquer des sports nautiques et échanger leurs premiers secrets "sérieux". Marie et Anne, meilleures amies du monde, grande gigue timide et petite boulotte passionnée et complexée, y font donc la connaissance de Floriane, capitaine d'équipe de natation synchronisée, aussi douée et belle qu'hautaine. Tombée sous le charme de la belle nageuse, Marie se fait son chaperon et sa confidente dévouée, découvrant peu à peu derrière le masque de l'allumeuse une fille vierge angoissée par l'amour physique et l'idée de ne pas être à la hauteur de sa réputation. Anne, de son côté, délaissée par le duo, voue un béguin impossible à un beau garçon lequel remarque à peine son existence. En quelques semaines, les jeunes filles vont connaître des hauts et bas émotionnels et des expériences qu'elles étaient loin d'imaginer de la sorte. Un beau film ni vulgaire ni mièvre conseillé aux nostalgiques de leur adolescence et aux amateurs de figures aquatiques, les scènes de natation synchronisée sont aussi bien filmées que les sentiments !
Plus onirique, l'envoûtant roman graphique De profondis, de l'auteur-illustrateur Chanouga, de son vrai nom Hubert Campigli, paru en 2011 dont le titre signifie en latin "A propos des profondeurs".
A l'automne 1949, l'explorateur Jonathan Melville, de retour d'une expédition, écrit à sa fiancée restée à terre pour lui faire part de l'aventure qui l'a tenu éloigné d'elle. Rescapé d'un naufrage causé par un typhon, il s'est échoué sur une petit île habitée par deux jeunes femmes, un ermite et une cohorte de curieux êtres venus de la mer, dissimulés à sa vue, qui se dévoileront peu à peu à lui. Si Jonathan, après avoir recouvert ses forces, souhaite prendre congé de ce mystérieux rivage, les femmes qui l'ont découvert et soigné escomptent bien le garder auprès d'elles indéfiniment. Comment parvenir à s'échapper lorsqu'une île entière s'ingénie à vous maintenir captif et quels secrets cachent ces hôtes énigmatiques. Nous n'en saurons, au final, pas beaucoup plus et cela n'a que peu d'importance. Voyage poétique et variation moderne du mythe des sirènes, ce joli récit est servi par un trait élégant et délicat, loin d'un scénario bien ciselé, nous avons là, avant tout, une atmosphère fantastique qui ravira les connaisseurs du genre et les amoureux de la mer, car les scènes de nages et navigation ont les ambiances les plus réussies.
Terminons sur une une jolie chanson, en espagnol, dans laquelle il est question de poissons. Ayant besoin d'un peu de temps afin de concocter quelques articles plus fournis, je vous retrouve dans deux semaines, à bientôt !

Commentaires

  1. Super article sur un sujet féminin/féministe : le thème des sirènes, naïades, fées des eaux... toutes héritières de la Grande Déesse engloutie, décrite par Jean Markale dans sa Femme celte. Il donne envie de voir le film de Sciamma que je n'ai, hélas, pas vu !

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    1. Le film de Sciamma n'est pas du tout difficile à dénicher, pour ma part, je l'ai trouvé sur Youtube ! Sinon, oui il y a énormément de mythes sur ce thème, on le retrouve associé aux légendes sur les phoques comme je l'avais déjà écrit, ou encore les lamantins ou les dauphins dans l’hémisphère sud, le sujet est inépuisable.

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