Contes de Toussaint
Bonjour, nous approchons des fêtes de la Toussaint, le temps tourne et mon bureau s'est transformé en congélateur. Pour l'occasion, retour vers les albums destiné à la jeunesse, ayant pour thématique la mort, sans pour autant être déprimants, car parler de la mort oblige nécessairement à parler des moments forts de la vie. Le premier ouvrage du jour, Badger's parting gifts - titre original traduit par Au revoir Blaireau en français - de l'auteure-illustratrice Susan Varley paru en 1984 est une histoire belle et touchante sur la perte d'un proche et le travail du deuil à destination des plus jeunes enfants, les adultes peuvent néanmoins apprécier, rien de mièvre ni d'inutilement dramatique ici.
Blaireau est le plus vieux et le plus sage des animaux de la forêt, il sent peu à peu ses forces s'épuiser mais ne redoute pas l'approche de la mort. Pour lui, il s'agit d'un voyage serein vers d'autres territoires, symbolisé par une chute semblable à un envol dans un vaste tunnel. Il s'éteint ainsi un soir de la saison froide, paisiblement, laissant néanmoins ses compagnons dans la peine, en particulier une petite taupe dont il était très proche. L'hiver passe et avec lui, la tristesse de la tribu. Au retour des beaux jours, il devient à nouveau possible à ses proches d'évoquer Blaireau, la communauté entière se réunit fréquemment pour parler de lui, de ce qu'il a apporté à chacun au cours de sa longue existence, aussi bien en terme d'affection que de savoirs. La certitude de la persistance de la mémoire face à l'oubli, et l'éternité des cadeaux laissés aux vivants par leurs disparus permet de surmonter la perte, tel est le message simple et réconfortant de ce bel album au trait rond, doux et coloré devenu un classique.
Le second album, La Mort-Marraine d'Anne Quesemand, aux illustrations gothiques de Laurent Berman, paru en 1987, beaucoup moins intimiste que le précédent, est une adaptation moderne et pleine d'humour d'un conte populaire ancien.
La femme du cordonnier Jean vient de mourir en donnant naissance à leur cinquième enfant, dévasté par le chagrin, celui-ci délaisse le nouveau-né, ne lui attribuant ni nom ni parrain. C'est alors que plusieurs personnages, Dieu, le Diable et le Renard, viennent à sa rencontre pour lui proposer d'être le parrain de son fils et de lui offrir un brillant avenir. L'un proposant une vie de sainteté et de bienfaisance, l'autre la puissance, la richesse et la réalisation de tous ses désirs en échange d'une toute petite signature et le troisième l'habileté éternelle à la chasse aux poules... Jean refuse chaque proposition jusqu'à ce que se présente la Mort elle-même à qui il finira par confier son enfant, car elle seule traite d'égale manière tous les êtres vivants quels qu'ils soient. Ainsi le garçon devient-il le filleul et l'apprenti de la Mort qui lui enseigne la médecine et lui donne pour mission de transmettre ses connaissances aux humains, car à force de gagner à tous les coups face à eux, elle a finit par s'ennuyer à mourir et souhaite que ceux-ci la tienne un peu en échec ! Le jeune docteur obéira avec docilité à sa marraine jusqu'à ce qu'il la trahisse, d'une manière que je vous laisse découvrir, par amour pour une jolie jeune femme et à ses risques et périls car nul, pas même son filleul, ne peut défier impunément la faucheuse.
Terminons sur un morceau au sujet d'un oiseau noir, joué sur un piano noir par une femme vêtue d'une robe noire, à la semaine prochaine !
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