De l'autre côté du miroir

Bonjour, nous parlerons ce matin de drogues et psychotropes divers, leurs effets et leurs dangers à travers un livre et un film d'animation original.
L'herbe bleue a été publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1971, présenté comme le journal intime d'une lycéenne droguée morte d'une overdose. Quelques années plus tard, il fut révélé que l'auteur était en réalité une psychologue, Beatrice Sparks, qui avait rédigé ce témoignage fictif à partir des récits réels de plusieurs de ses jeunes patients en difficulté, particulièrement touchés par la drogue dont l'usage s'était beaucoup répandu dans les années soixante. Le titre original Go Ask Alice est une citation de la chanson White Rabbit du groupe Jefferson Airplane. Les paroles font un parallèle entre les expériences magiques d'Alice au pays des merveilles et les effets hallucinogènes des drogues, en particulier le LSD, qui donnent l'impression d'une autre réalité, être comme la petite aventurière parachuté de l'autre côté du miroir. 
La narratrice anonyme débute son journal à l'âge de quinze ans, c'est une jeune fille sage, vivant dans une famille aimante d'une banale banlieue américaine. Effacée et peu populaire auprès de ses pairs, elle essaye de se rendre attrayante en participant à des jeux dangereux et expérimente ainsi à son insu, lors d'une soirée, un premier trip au LSD, versé en secret dans les verres des participants. L'adolescente se sent transformée par cette expérience très euphorisante mais juge plus prudent de ne pas la réitérer. Résolution qui ne tient malheureusement pas la route. La narratrice, attirée à la fois par le plaisir de la transgression et les sensations que lui offrent ses différents trips psychédéliques, devient une consommatrice régulière, fugue du foyer parental à plusieurs reprises et malgré ses efforts peine à sortir de la dépendance lorsque son addiction vire au cauchemar.
Le succès de ce récit est qu'il aborde la problématique de la dépendance via le regard crédible d'une jeune fille sans discours moralisateur excessif. La narratrice décrit de manière très exacte les émotions contradictoires de l'adolescence volonté de rester une bonne petite fille et désir de s'émanciper d'une famille jugée étouffante, effets des drogues, sensations décuplées, visions oniriques merveilleuses de plus en plus dures à atteindre lorsque son addiction progresse et mauvaises descentes pourvoyeuses de fantasmes infernaux. Le livre est suivit d'un petit glossaire médical utile pour s'informer listant différents types de drogues, leurs appellations, les sensations cliniques et les effets sur la santé qu'elles induisent.
 
Le long-métrage du jour, sorti en 2006, est l'adaptation d'un roman d'anticipation de Philip. K. Dick, Substance mort/A scanner darkly en VO publié en 1977 dont l'action se déroule dans le futur de l'époque, en 2013 !
Nous sommes donc dans une banlieue d'Orange County, Californie, en 2013. Les dirigeants des Etats-Unis ont fait de la lutte contre la drogue une de leurs priorités, d'autant plus importante à leurs yeux qu'un nouveau stupéfiant, la substance M., particulièrement puissante et peu couteuse est apparue sur le marché des drogues. L'agent Bob Arctor, envoyé en mission d'infiltration dans un groupe de junkies où il prend le surnom de Fred, se trouve un jour chargé par un malicieux hasard de surveiller lui-même sa propre couverture ! Il est en effet membre d'une brigade dont tous les membres se dissimulent sous des costumes changeants afin de préserver secrète leur véritable identité. C'est le début d'une longue descente dans la paranoïa, le personnage perdant peu à peu son identité, ne sachant plus s'il est le coupable ou le justicier. Un long-métrage assez dérangeant que je conseille pour sa qualité formelle - il a été créé à partir de prises de vue réelles à l'aide de la technique de la rotoscopie, on a employé un logiciel spécifique pour redessiner les personnages et les décors - et son intrigue ponctuée des délires grotesques causés par la drogue tour à tour hilarants ou effrayants.
Je vous quitte sur une analyse de la musique du film, Requiem for a dream, qui reprend les thèmes développés dans cette note et en dit plus sur les méfaits des stupéfiants qu'un long discours ^^
A la semaine prochaine !

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