Des arbres

Bonjour, cette semaine retour à la poésie. Le temps est au vent et aux refroidissements, pour célébrer l'arrivée de l'automne et les arbres qui peu à peu roussissent et se déplument, je vous présente deux courts poèmes ayant pour thèmes la nature, les arbres et l'automne.
Kathleen Raine (1908-2003), critique et poétesse anglaise, composa toute sa vie des textes dépourvus d'hermétisme, hommage à la poésie néoplatonicienne du dix-neuvième siècle empreintes de symboles de l'antiquité et à la simple harmonie de la nature et des jardins de son enfance. Le poème ci-dessous est extrait de Northumbrian Sequence, recueil publié en 1952, j'ai eu la chance de trouver une traduction française fidèle et sensible, accompagnée de la version originale anglaise.

Le dormeur du sorbier

Gorgé de terre autant qu’un rêve peut le savoir,
Gorgé de rêve autant qu’un arbre peut l’endurer,
Envoie chanter l’oiseau dans les airs,
Gorgé de vie autant qu’un chant peut le crier,
Mais le chant déborde,
Car pressant sur la profonde racine de l’arbre,
Encore souterrain et informe, pèse le monde.
Le monde envahissant doit briser le rêve,
Si lourd est le poids du ciel,
Si violent le cours de l’eau,
Si vastes les collines qui pourraient naître,
Par-delà le langage de l’oiseau
La voix de la montagne qui pourrait chanter,
Le monde sauvage qui pourrait devenir l’homme :
Le rêve a débordé l’arbre.


The sleeper of the rowan tree

As full of earth as dream can know,
As full of dream as tree can bear
Sends the bird singing in the air
As full of world as song can cry,
And yet the song is overflowed,
For pressing at the tree’s deep root
Still underground, unformed, is world.
The invading world must break the dream
So heavy is the weight of sky,
So violent the water’s flow
So vast the hills that would be born,
Beyond the utterance of bird
The mountain voice that would be sung,
The world of wild that would be man:
                                                          The dream has overflowed the tree.                                                                 
L'Arbre de vie par Gustav Klimt (1909)
Edmond Jabès (1912-1991), écrivain français né en Egypte dans une famille juive francophone est surtout connu pour les aphorismes, maximes et réparties philosophiques de vieux sages malicieux, issus de la culture hébraïque ésotérique, ainsi que pour les réflexions sur l'exil et l'identité juive déracinée qui hantent son oeuvre. Je vous propose un poème sur la chute des feuilles extrait de Petites poésies pour jours de pluie et de soleil, l'un de ses derniers recueils, paru en 1991.
    L'Arbre volant

    Que les bois aient des arbres,
    Quoi de plus naturel ? 
    Que les arbres aient des feuilles, 
    Quoi de plus évident ? 
    Mais que les feuilles aient des ailes, 
    Voilà qui, pour le moins, est surprenant. 
    Volez, volez, beaux arbres verts. 
    Le ciel vous est ouvert. 
    Mais prenez garde à l’automne, fatale 
    Saison, quand vos milliers et milliers d’ailes, 
    redevenues feuilles, tomberont.

    Terminons sur un chant d'inspiration celtique porté par un duo de belles voix, à la semaine prochaine !

Commentaires

  1. Très bons choix de poèmes et j'adore le Klimt !
    Je ne connaissais pas la chanson mais c'était une belle découverte :)

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    Réponses
    1. Merci, j'ai trouvé ces poèmes en cherchant par thématiques sur internet. Maintenant de nombreux sites, y compris amateurs, partagent les contenus d’œuvres on fait facilement de belles découvertes ! J'espère que tout se passe bien pour toi.

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