Bonjour, pour colorer ce début d'automne pluvieux, immergeons-nous dans un beau conte préhistorique superbement illustré, l'album du dessinateur turc Fırat Yaşa Tepe, la colline, paru en France en février 2024.
Au cours du dixième millénaire avant notre ère, des groupes de chasseurs-cueilleurs se rassemblèrent dans le sud de l'actuelle Turquie pour édifier le site de Göbekli Tepe, la "colline ventrue". Un ensemble monumental de structures mégalithiques décorées d'animaux sculptés dont la fonction précise demeure inconnue. L'auteur a construit son récit sur cette énigme, mêlant des faits attestés par l'archéologie à une intrigue imprégnée d'éléments fantastiques. Il fait de Göbekli Tepe un temple gouverné par un chamane fanatique, asservissant ses pairs au culte de Père-Ciel. Râht, jeune homme solitaire, refuse de se plier à ce despotisme et prend la fuite accompagné d'un renard et d'une biche géante à la fourrure étoilée, destinée à être sacrifiée. Au cours d'un long voyage initiatique, les trois compagnons font la connaissance d'autres tribus et animaux dont les sociétés et cosmogonies, moins prédatrices, leur donneront le courage de retourner affronter le peuple de la colline. Si son scénario n'est pas d'une grande originalité, l'album entier est porté par un dessin somptueux aux formes géométriques inspirées des mégalithes, et de peintures rupestres rehaussées de couleurs vives. Humains et animaux se confondent en volutes et constellations avec le reste de l'univers. Lieu du paradoxe, la colline incarne une période de transition, la séparation des hommes d'avec leur environnement tout en célébrant cette union sur ses murailles. Il en résulte un album magnétique que je recommandes dès la fin du collège à tous les publics.
Terminons par une animation originale d’anciennes œuvres d'art, à bientôt !
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