Profondeurs

Bonjour, en ce début de printemps frisquet, partons à la découverte d'un curieux roman graphique Le bestiaire du crépuscule de Daria Schmitt, condensé de poésie horrifique paru en 2022.
À première vue, le parc où se déroule cette histoire n'est qu'un banal jardin public. Un examen plus attentif révèle la présence d'étranges créatures qui donnent bien du fil à retordre à son solitaire gardien, Providence. Rêveur impénitent, ce dernier s'acharne à protéger les visiteurs de leurs assauts, secondé par son chat Maldoror. La découverte d'un mystérieux livre, exhumé des profondeurs de leur lac, libère une cohorte de nouveaux monstres, venus à travers l'eau d'un autre monde fait de brumes et de chimères. Un univers dont l'appel irrésistible entraînera le gardien loin de ses habituelles escapades imaginaires. Pour l'atteindre, il lui faudra explorer des chemins détournés, affronter d'inquiétants services psycho-sanitaires ainsi que l'incompréhension de sa directrice, d'un rationalisme à toute épreuve et adepte d'une gestion managériale des espaces verts. Hommage à l'univers de H.P Lovecraft dont une nouvelle est insérée à un point de bascule du récit, cet album se démarque pourtant d'une simple adaptation. Il s'agit plutôt d'une immersion réussie dans l'atmosphère onirique et horrifique chère au romancier. Les illustrations réalisées à la plume en noir et blanc, semblables à des gravures, s'éclairent de vives couleurs au passage du bestiaire fantastique. Les dialogues, pétris d'humour absurde accompagnent à merveille la narration chaotique, à la lisière de la folie. Il en résulte un ouvrage ensorcelant, aux nombreux niveaux de lecture, que je conseille à tous les publics amateurs d'occulte.
Terminons par les notes psychédéliques d'une chanteuse sauvée de l'oubli, à bientôt !

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