Reine des glaces

Bonjour, l'hiver approche, le froid s'accentue, voici venir le temps de découvrir des œuvres inspirées des légendes polaires. Nous nous intéresserons aujourd'hui à un album jeunesse réalisé par le poète Carl Norac et la scénographe Herbéra, Sorcière blanche, paru en 2016.
Quelque part dans le grand nord, sur la banquise, demeure Amârsiniôq, la puissante sorcière blanche. Déesse solitaire en mal d'enfant, elle enlève une petite fille, Smilla, et l'emporte dans sa hotte vers son lointain royaume au cœur des glaces. Le père de l'enfant est au désespoir, mais personne, pas même le chamane - aussi avare qu'incompétent - n'ose se lancer à sa poursuite. Anuun, le garçon-au-sourire, tenu pour un simple d'esprit par tous ses pairs, est le seul qui trouve le courage de partir à la recherche de la disparue. Après avoir traversé des plaines de blancheur gelée, le simplet se retrouve face à l'antre de la ravisseuse. Il réussi à en tirer Smilla à l'aide d'une chanson enchantée. Mais de retour au campement, la fillette gît inerte et muette, son âme étant toujours prisonnière de la sorcière... Ce n'est qu'au terme de nombreuses courses-poursuites et joutes d'esprits que la captive retrouvera son intégrité.
Ce beau conte, cruel et malicieux, est un hommage réussi au folklore inuit dont il emprunte les personnages et structures traditionnelles. Les illustrations à la gravure imitent de manière évocatrice les artefacts traditionnels du grand nord, faits de pierres et d'os sculptés. La sorcière blanche personnifie la dureté de la nature arctique, primordiale et dévorante. L'exploit des protagonistes consistant non pas à la détruire mais à se remettre des états limites dans lesquels sombrent ceux qui s'égarent en son sein. Il en résulte un ouvrage ensorcelant que je conseille dès le début de la primaire à tous les publics amateurs d'évasion brute.
Terminons par la reprise moderne d'une comptine inuite, à bientôt !

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