Dévoration

Bonjour, abordons cet après-midi les fêtes de la Toussaint, et le nouveau confinement, dans la bonne humeur et l'optimisme avec un ouvrage où le courage triomphe de la voracité, Le Mange-doudous de Julien Béziat, album jeunesse paru en 2013.

On a pas idée des phénomènes qui peuvent se produire dans une chambre d'enfant une fois que les humains ont quitté les lieux, laissant les jouets seuls. Ici, une créature informe s'est introduite dans la pièce et se met à avaler l'un après l'autre les doudous paisiblement installés sur le lit. Loin d'être des victimes passives, les peluches courent se cacher dans chaque recoin de la chambre et élaborent diverses tactiques pour terrasser le monstre. Peine perdue, la contre-attaque échoue. En dernier recours, Berk le canard, le doudou préféré, le plus sale et le plus usé, se jette dans la gueule du glouton, lui infligeant une salutaire indigestion qui l'oblige à régurgiter ses proies. La terrible aventure se termine de manière heureuse par une grande lessive.

L'album est raconté à la première personne par un enfant, fille ou garçon anonyme et invisible auquel chaque jeune lecteur pourra s'identifier, qui rapporte les faits que lui a révélé son doudou favori. Le trait vif et le code des couleurs - une teinte dominante par personnage - permettent une immersion immédiate dans le huis clos de la chambre. Narration et dessin regorgent de trouvailles et d'humour permettant une lecture ludique dédramatisant cette mise en scène du fantasme de dévoration. Débusquer les cachettes maladroites des peluches ou décrire les métamorphoses du Mange-doudous qui, de page en page, acquiert les caractéristiques de ses proies, un peu à la manière du spectre sans visage du film d'animation de Miyazaki Le voyage de Chihiro. Il en résulte un excellent album que je conseille dès la maternelle à tous les petits lecteurs et leurs parents.

Terminons par une ode à un vieux doudou, à bientôt !