Cités retrouvées

Bonsoir, aujourd'hui parlons guerre et archéologie, en temps de conflit s'il faut s'escrimer pour maintenir en vie et soigner les populations martyres il en va de même pour la préservation du patrimoine. L'exposition Cités millénaires. Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul de l'Institut du Monde Arabe dont le catalogue éponyme est paru en 2018 s'est attachée à ce projet.

Cet ouvrage explore principalement les sites et monuments historiques de quatre villes majeures du Moyen-Orient, vestiges architecturaux de civilisations parfois millénaires ayant traversé les siècles, particulièrement malmenés depuis le début des années 2010 par les conflits et le djihadisme. D'Irak à la Lybie, on découvre à travers des photographies de diverses époques, cartes et reconstitutions en 3D, la vieille ville d'Alep rasée par les bombes du parti Baas que les habitants survivants tentent de reconstruire, Palmyre, la Venise des sables aux temples dynamités par Daech, Leptis Magna, épargnée par la guerre civile mais abandonnée aux intempéries de son climat côtier, et Mossoul, la cité cosmopolite où un palais enfoui a surgi des décombres. Beau symbole de la persistance d'une mémoire qu'on a voulu réduire à néant. Les illustrations s'accompagnent des contributions d'historiens, d'archéologues, de romanciers et même d'auteurs de bandes-dessinées témoignant de la richesse et de la complexité de l'histoire de ces villes et des défis qui président à leur restauration. Comment intégrer le récit des dommages subis à leur biographie, faut-il reconstruire des monuments détruits à l'identique et quels sont les moyens dont on dispose pour protéger efficacement ces vestiges de nouvelles destructions et d'actes de pillage ? Des interrogations loin d'être anecdotiques, la réparation de l'héritage culturel d'un pays faisant intimement partie des processus de reconstruction sociale et psychologique de sa population. Je recommande cet ouvrage, très accessible, à tous les passionnés d'histoire ainsi qu'aux novices sensibles à la question de la protection du patrimoine. 

Cour de la mosquée des Omeyyades, Alep (avril 2017)

 Terminons par la complainte de la ville de Bagdad, à bientôt !