Esthétisme destructeur

Bonjour, pour continuer notre lancée sur la littératue asiatique, nous parlerons aujourd'hui du roman Le Pavillon d'Or/金閣寺 de Yukio Mishima paru en 1956, œuvre basée sur un fait divers réel, l'incendie volontaire du Pavillon d'Or de Kyoto par un jeune moine en 1950.
Le récit débute donc à Kyoto à la fin de la Seconde guerre mondiale. Le narrateur, Mizoguchi, adolescent timide affligé d'un bégaiement des plus handicapants, est engagé comme novice au Pavillon d'Or, temple bouddhiste et chef d’œuvre architectural conservé intact depuis plus de cinq siècle, dont son père, bonze, lui vante depuis l'enfance la parfaite beauté. D'abord charmé et honoré d'entrer au service d'une si vénérable institution, il se sent cependant vite écrasé par la splendeur inaltérable de cette construction qui semble narguer les ravages du temps, de la guerre et l'incurie de sa propre existence. En but à l'échec tant dans son cursus de novice que dans sa vie amoureuse, écrasé par des humiliations d'enfance consécutives à son incapacité à communiquer qui semblent ne pas devoir prendre fin, Mizoguchi développe peu à peu un ressentiment obsessionnel à l'égard du Pavillon d'Or. Incarnation de la beauté physique et morale, le temple cristallise ses désirs d'accomplissement frustrés et finit par lui apparaître comme une injure permanente à sa personne dont seul le feu pourra le délivrer. Il résulte de cette exploration paranoïaque du rapport à la beauté un roman psychologique tout en finesse à l'écriture réflexive et poétique, quoique parfois un peu nébuleuse, dont je conseille la lecture à tous les publics amateurs d'esthétisme dès le lycée.
Terminons sur quelques notes de Debussy, à bientôt !

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