La fête des boucs

Bonsoir, c'est bientôt la Saint-Valentin, ancienne célébration païenne devenue la très consumériste fête des amoureux. Pour l'occasion, quelques commentaires historiques, l’association du cœur du mois de février avec la célébration de l’amour et de la fertilité date en effet de la plus lointaine antiquité grecque et romaine. Dans le calendrier athénien la période de la mi-janvier à la mi-février était le mois de Gamelion dédié au mariage sacré entre Zeus, roi des dieux souverain sur l'Olympe et sa sœur-épouse Héra, déesse du foyer, des femmes et du mariage.   
Par ailleurs dans la Rome antique, on célébrait le 14 février la fête des Lupercales. Les prêtres de Lupercus - dieu de la fertilité traditionnellement vêtu de peaux de chèvres - sacrifiaient des boucs et des chèvres au dieu et, après une forte consommation de vin, couraient à moitié nus dans les rues de Rome, et frappaient les passants à l'aide des morceaux de peau sanglante. Les jeunes femmes s’en approchaient volontiers, car être touchée ainsi était censé rendre féconde et faciliter l’accouchement. Ces solennités païennes honoraient à la fois Junon - le nom romain d’Héra - ainsi que Pan, dieu de la nature.
Fiestas Lupercales/Fêtes des Lupercales par Andrea Camassei (1635)
Quand au saint qui donna son nom à la fête, il aurait vécu sous le règne de l'empereur Claude II, au troisième siècle ap. J.C. lors des prémices de la christianisation. Dans une période de crise et d'invasions, l'empereur avait pris la décision fort impopulaire d'interdire le mariage aux militaires, histoire qu'ils ne rechignent pas trop à quitter leur foyer pour aller guerroyer contre les barbares. Un prêtre chrétien s'opposa à cette règle en organisant des cérémonies de mariage secrètes, arrêté et emprisonné, il fut décapité à la veille des Lupercales de 270. Son nom était Valentin et on lui prêta entre autre miracle d'avoir rendu la vue à la fille aveugle de son geôlier. Elle planta un amandier en son honneur et contribua à répandre sa légende. 
De nos jours, il faut bien admettre que les mythologies sociale autour de l'amour sont un peu superficielles, manquent de charme et de mystère. On mesure le bonheur à l'aune de ce que le couple produit en terme de dépenses, de parties de jambes en l'air chronométrées et de gadgets destinés à faire de vous une personne saine et comblée. C'est le style, la notoriété et la richesse plus que l'amour qui font rêver dirait-on. Il convient certes d'avouer que, en ces temps difficiles, la dure réalité déçoit parfois quelque peu.
La plupart des gens se retrouvent d'avantage dans la seconde version ! Pour terminer un superbe duo tiré de l'opéra Lakmé de Delibes (1883) contant l'histoire d'amour tragique d'une indienne et d'un britannique, jouée sur une animation enchanteresse. 

Commentaires

  1. Bonjour Ismène. A propos d'Héra soeur- épouse, (comme Isis), je remarque que la religion chrétienne a fait encore plus fort: Marie est à la fois fille de D. (comme tous les mortels), épouse de D.( même si c'est de façon mystique) et mère de D.( par cet abus de langage, ou ce glissement sémantique, je ne sais comment il faut dire, qui assimile Jésus à D., alors que cet homme défendait à ses disciples de lui donner même le titre de messie, ou même de l'appeler "bon maître", à la seule raison que D. seul est bon.)

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    1. Marie se rapproche en effet de certaines déesses-mères archaïques comme Isis, le culte des "Vierges noires" est souvent associé d'après ce que j'en ai lu à des éléments symboliques tels que les sources ou les serpents, attributs de la fécondité dans différentes mythes. Le culte de la Vierge Marie fut d'ailleurs parfois combattu par l’Église catholique elle-même qui lui trouvait de trop forts relents de paganisme.

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