Escapade corse

Bonsoir à tous, des nouvelles du monde, l'année commence de manière mouvementée avec une série d'agressions sexistes  en Europe, hélas vite instrumentalisée en propagande raciste par l'extrême droite et déniée par la gauche, alors que dans pareil cas on devrait avant tout faire preuve de solidarité envers chaque victime. C'est aussi la Corse et ses nouveaux dirigeant indépendantistes qui a beaucoup fait parlé d'elle ces derniers jours, nous allons donc parler aujourd'hui de l'île de Beauté à travers un roman et une bande-dessinée relatant les destinée mouvementées d'individus issus de cette contrée complexe, à la fois paradisiaque par sa beauté et hantée par des dissensions sans fin. 
Le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari, publié en 2012, explore les rêves et déconvenues de trois générations de corses entre attachement à leur terre d'origine et volonté de s'en émanciper.
Matthieu et Libero, deux jeunes hommes, amis de toujours et étudiants en philosophie à Paris, décident d'abandonner leurs cursus universitaire pour reprendre la gestion du bar du petit village corse où l'un a grandit et l'autre passé tous ses étés depuis l'enfance. Désireux d'en faire un petit paradis convivial et festif au cœur de leur île montagneuse, loin du snobisme et de la grisaille de la capitale, ils vont se heurter à l'hostilité affichée de leurs proches ainsi qu'à la réalité des contingences matérielles, argent, gestion difficile du personnel et des rancœurs et jalousies provoquées par leur nouvelle situation. Le périple du bar est suivi d'un œil curieux et narquois par Marcel et Aurélie, le grand-père et la sœur de Matthieu. L'un a jadis tenté en vain de faire fortune en Afrique équatoriale, tandis que l'autre essaye de maintenir les liens entre les différents membres de sa famille, leur passé et le présent. La jeune femme est en effet archéologue, elle partira fouiller les ruines de l'ancienne Hippone en Algérie où Saint-Augustin prononça au cinquième siècle son célèbre discours de consolation sur la vanité des entreprises humaines après le sac de Rome par les légions barbares. Les empires comme n'importe quelle construction, fut-elle un modeste bistrot, ont tous une fin. L'écriture au phrasé ample et soigné, ainsi qu'un humour pince-sans-rire assumé, font de ce court roman une plaisante fable philosophique à découvrir. 

L'enquête corse, bande-dessinée illustrée et scénarisée par René Pétillon, publié en 2000, est une pétulante et maligne caricature de la situation politique corse.
Le détective Jack Palmer, personnage volontaire et candide, portant pardessus et chapeau mou, a été mandaté par un notaire parisien pour retrouver l'un de ses clients, Ange Leoni, disparu depuis des mois, et lui remettre un testament qui en fait l'héritier d'une petite bergerie en Corse. Fraîchement arrivé sur l'île de Beauté, le détective débute son enquête dans l'humble village de Rossignoli dont  le mystérieux personnage serait originaire. Palmer se heurte d'emblée au mutisme des habitants, peu désireux de satisfaire la curiosité d'un "continental", et à l'inertie de la police locale qui a abandonné toute velléité de lutte contre la guerre que lui livre - et que se livrent entre elles - diverses factions indépendantistes. Le détective en fera les frais car on apprend bientôt que Leoni, en planque quelque part dans le maquis, est recherché à la fois par la brigade antiterroriste et ses camarades révolutionnaires qu'il a trahi et dépouillé sans vergogne. Au milieu de tous ces règlements de compte, le pauvre Palmer peine à remplir sa mission ! L'ensemble forme une bonne tranche de rire caustique, une aventure picaresque servie par un dessin très expressif et de délicieux dialogues virant parfois à l'absurde. Un excellent ouvrage déjà classique à déguster sans modération ! 
Terminons par un beau chant corse interprété par une admirable voix de sifflet, à bientôt !

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