Nature en boîte

Bonjour, en ce moment en France, de nombreux mouvements sociaux se mobilisent contre des entreprises de construction nuisibles à l'environnement. Des zones agricoles et humides indispensables au maintien de la biodiversité sont ainsi mises en péril par les projets d'aéroport prévu à Notre-Dame-des-Landes ou de barrage à Sivens, lieu où un jeune manifestant de vingt-un ans, Rémi Fraisse à récemment été tué par une grenade lancée par lesdites forces de l'ordre. On se trouve, face à ce genre d’événements, devant la certitude que dès que l'argent et le pouvoir entrent en jeu, la biodiversité et les vies humaines et animales deviennent quantité négligeables. Cette semaine, retour donc à l'écologie politique à travers une bande-dessinée pertinente quoique déjantée et un film documentaire. Il faut tuer José Bové  du dessinateur Jul, bande-dessinée publiée en 2005, jette un regard malicieux et incisif sur les luttes entre le grand capital et les mouvements altermondialistes. 
Le président de Real Toys, entreprise de jouets multinationale, est hors de lui. Il a en effet commandé à un fabricant chinois un lot de huit-cent-mille poupées à l’effigie de José Bové et celui-ci refuse toujours de céder les droits sur son image qui permettraient leur mise en vente. Le couteau sous la gorge face à des négociants absolument pas conciliants quand au délai de leur paiement, l'homme d'affaire convoque deux collègues pour régler le problème, et les trois PDG prennent ensemble la décision d'éliminer José Bové, ce contestataire gênant. L'un engage un tueur à gage habitué à traquer des célébrités, tandis que les autres font fabriquer dans le plus grand secret, un clone de leur future victime formaté au capitalisme. Comme on peut le deviner, rien ne se passera cependant comme prévu car il faut plus que quelques magouilles, si bien organisées soient-elles, pour abattre les valeureux contestataires du système ! Bien que les faits décrits parodiés dans ce récit datent de plusieurs années, je conseille vivement la lecture de cette réjouissante satire qui n'épargne personne et dont les thèmes - réification et marchandisation de la nature, contestation, contradictions internes à certains mouvement - demeurent d'actualité. 
Une autre manière de mettre la nature en boîte est de s'en prendre aux animaux, plus précisément aux bêtes sauvages que l'on a pas l'occasion d'observer près de chez soi et dont les zoos, cirques et parcs animaliers font leur fonds de commerce. Le documentaire Blackfish réalisé par Gabriela Cowperthwaite, sorti en 2013 s'intéresse à la condition des orques vivant en captivité.
La réalisation de ce documentaire a débuté suite au scandale causé par le décès de Dawn Brancheau, soigneuse au parc aquatique Sea World d'Orlando en Floride. La jeune femme a été blessée et noyée par Tilikum, une orque mâle lors d'un spectacle et sa mort mise sur le compte de ses supposées erreurs de dressage et non-respect des règles de sécurité. En réalité, ce n'était pas la première fois que Tilikum, ou d'autres orques dans des parcs similaires, causaient des accidents mortels. Ces grands mammifères marins que l'on nomme aussi épaulards ou baleines tueuses ont pourtant un comportement serein et pacifique dans leur habitat naturel et de nombreuses études sur leurs interactions sociales, leurs différences de "culture" selon les aires géographiques occupées font état de leur intelligence et de leur sensibilité. Tout l'enjeu du film est de lever le voile sur les conditions de vie plus que pénible des orques en captivité, le manque d'espace, le chlore et autres produits chimiques des bassins, les mauvais traitements occasionnés par le dressage - coups, privation de nourriture - la séparation des mères et de leurs petits,etc, et les drames qui en résultent. Un film coup de poing et fort instructif à voir absolument.
 Terminons sur la musique badine du jeu de construction d'un petit monde virtuel, 
à la semaine prochaine !
 

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