Histoires trolles

Bonsoir, comme l'atmosphère s'y prête bien - encore et toujours de la neige, du froid quoique le printemps soit dans moins d'une semaine - nous allons parler de mythologie scandinave, plus précisément de trolls. Les trolls sont parmi les êtres les plus connus des légendes nordiques.
Même si à leur évocation on a souvent en tête l'image des Moumines - grosses peluches sympathiques au museau rond créées par l'auteure-illustratrice norvégienne Tove Jansson en 1945 - le troll se montre dans la plupart des récits hostile à l'homme. Résolument étranger à la civilisation humaine, il reste lié aux forces naturelles, à l'univers des mers, montagnes et forêts.
La princesse et les trolls par John Bauer (1915)
Le film fantastique, The Troll Hunter -Trolljegeren en VO - réalisé par André Øvredal, fait des trolls de véritables animaux dont l'existence est tenue au secret.
Un petit groupe d'étudiants, décidés à réaliser un documentaire filmé comme travail universitaire, prend la décision d'interviewer un mystérieux braconnier. Celui-ci se trouve être un chasseur de trolls, chargé de réglementer leur population, neutralisant entre autre les sujets s'approchant trop près des humains, tout cela dans la plus grande discrétion possible. Selon lui, un boulot ingrat, sans considération, dans lequel les heures supplémentaires  ne sont pas payées et qui oblige à travailler de nuit, les trolls étant nocturnes, la lumière les fait exploser ou se pétrifier. On suit donc le chasseur dans ses expéditions, suivi par les jeunes gens caméra à l'épaule. Le film est tourné en caméra subjective, par plans désordonnés. Vous saurez tout sur les trolls, leur mode de vie, la manière de les abattre, de ne pas se faire repérer - ils sentent l'odeur des chrétiens ! - au coeur des superbes forêts, plateaux et fjords poudreux de neige de la Norvège. Les protagonistes sont tous crédibles et attachants ce qui donne à ce faux reportage un aspect très naturel comme s'il s'agissait de la gestion de bêtes ordinaires. Et un petit extrait ci-dessous.  
Un peu dans le même genre, on trouve le roman Jamais avant le coucher du soleil de Johanna Sinisalo. Le titre fait également référence au caractère nocturne des trolls.
Le protagoniste, surnommé Ange, jeune photographe homosexuel, recueille par un soir de cuite un curieux petit animal maltraité dans la rue par quelques adolescents. La créature est un bébé troll. Visage d'enfant, yeux de chat, corps couvert de fourrure, il va bouleverser la vie du jeune homme, car comment élever un petit être venu des bois dans un appartement perdu au sein d'une métropole finlandaise ? Le pauvre Ange se retrouve donc à jongler entre une vie sentimentale compliquée, des plans professionnels chronophages et un fascinant petit inconnu qui l'amène à se documenter sur les trolls et à découvrir sa propre nature enfantine et sauvage. L'histoire se déroule à travers divers points de vue, celui d'Ange, de ses amants, de ses voisins, et des extraits d'articles de journaux, d'encyclopédie sur les vie et moeurs des trolls. Au final, un livre très dérangeant par la cruauté des rapports des hommes entre eux et avec ce troll qui n'est peut-être que la résurgence de leur nature instinctive et violente : "Son troll est comme un pan de nuit que quelqu'un aurait dérobé au paysage et fait entrer dans la pièce (...) C'est une parcelle de ténèbres venteuses, un ange noir, un esprit de la nature. Peut-on apprivoiser un fragment d'obscurité ?".  
Une joconde trolle par Jean-Louis Mourier
   
Pour finir une chanson de Kate Bush, extraite de 50 words for snow, idéale pour nos soirées encore hivernales à bientôt !

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