Serpentine

Bonjour, à l'approche de la fête des mères, découvrons un album jeunesse troublant qui explore avec délicatesse les ambiguïtés de la relation mère-enfant, Mère méduse de l'illustratrice belge Kitty Crowther, paru en 2014.
Le récit débute par une nuit de pleine lune. Dans sa demeure isolée sur la plage, la belle et sauvage Méduse à la longue chevelure serpentine s'apprête à donner naissance à son enfant, assistée par deux sage-femmes. Sitôt le travail accompli, Méduse congédie ses hôtesses. Elle entend bien rester seule auprès de sa fille Irisée, sa perle qu'elle protégera de tous les dangers. Irisée grandit ainsi à l'ombre de la chevelure maternelle, masse vivante et ondoyante aux formes changeantes qui lui sert d'abri, de jouet et médiatise ses premiers pas dans le monde. Sans surprise, la fillette grandit et exprime bientôt le besoin de se défaire de cette union étouffante. Irisée souhaiterait aller à l'école, fréquenter d'autres enfants, ce que sa mère lui interdit avant de se raviser.
Émancipation difficile mais salutaire. Les dernières planches montrent à la sortie de l'école une Méduse débarrassée de ses longs serpents dorés, partis nager en haute mer, serrant sa fille dans ses bras. Le crayon organique et coloré de l'autrice trace un portrait tout en finesse d'Irisée et de cette mère archaïque que l'on devine craintive et blessée, retranchée dans sa forteresse capillaire. Le littoral au sein duquel évoluent les personnages regorge de plantes et animaux marins parmi lesquels on distingue divers symboles du mythe grec de Méduse. Il en résulte une histoire aussi touchante qu'envoûtante que je conseille dès la fin de la maternelle à tous les publics amateurs de gracieuses métaphores.
Terminons par une tendre chanson, à bientôt !

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