Deuil 2.0

Bonsoir, comme approche la Toussaint, découvrons aujourd'hui une bande-dessinée fort originale sur le deuil et les secrets de famille, Oublie mon nom/Dimentica il mio nome, parue en France en 2017, scénarisée et illustrée par le dessinateur italien Michele Rech alias Zerocalcare qui s'est fait connaître entre autre par un reportage dessiné sur Kobané.
A la mort de sa grand-mère dont il était très proche, Zerocalcare hérite d'un chagrin difficile à gérer et d'une belle somme d'interrogations qui le lancent dans une enquête généalogique loin d'être de tout repos. Quelques objets précieux venus du passé, des souvenirs de multiples déménagements dessinent le portrait d'une vie cosmopolitique chaotique. Comment une femme née à Nice et élevée par des aristocrates russes exilés a-t-elle terminé sa vie dans le quartier de Rebibbia, banlieue romaine populaire ? Pourquoi certains membres de la famille semblent-ils avoir disparu sans laisser de traces et qui peut bien être cette petite fille dont plus personne n'évoque le nom ? Pour restituer une vérité trouble, l'auteur choisit de faire fi du réalisme et construit sa quête sur de multiples digressions décalées et métaphores oniriques tissées de diverses références à la pop-culture. Son trait prête à ses proches des traits d'oiseaux ou de renards, des fantômes et autres créatures monstrueuses surgissent de l'obscurité des mémoires pour torturer ou éclairer les vivants. Le ton du récit, oscillant avec justesse entre émotion pudique et humour loufoque décapant, fait de cette bande-dessinée un excellent conte postmoderne, chronique 2.0 du deuil autant que du passage à la maturité. Une lecture recommandée à tous les publics dès le lycée.
Et pour filer la métaphore du renard - à lire pour comprendre ;) - terminons par un petit générique de dessin animé, à bientôt !

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