Situations épidémiques

Bonsoir, ces temps-ci le thermomètre se réchauffe, par conséquent les maladies de l'hiver commencent à s'éloigner. Fièvre, maux de gorge et nez bouchés font partie des menus tracas de la mauvaise saison, il faut s'y résigner cela n'a rien de grave. A l'inverse, certaines maladies qui paraissent bénignes à l'instar de la grippe, ou médiévales à l'image de la lèpre, continuent à se répandre et causent de fait beaucoup plus de décès que des pathologies plus exotiques et médiatisées comme le virus Ebola, faute d'argent et d'équipement sanitaires suffisant pour dispenser des soins aux personnes atteintes, assurer des campagnes de vaccination, etc. Aujourd'hui nous allons donc parler d'épidémie, de la manière dont sont gérées ces maladies, les personnes contaminées, et l'attitude générale de la population face à ces fléaux intemporels à travers un roman et un film. L'île des oubliés de Victoria Hislop, paru en France en 2013 est une attachante saga familiale sur un épisode peu connu de l'histoire de la Grèce.
Le récit débute à l'été 2001, Alexis, jeune anglaise originaire de Crète par sa mère, part pour le village natal de celle-ci, Plaka, sur invitation d'une femme qui aurait bien connu cette lignée maternelle dont elle sait si peu et sur laquelle plane un silence pesant. A quelques brasses au large de Plaka se trouve l'îlot de Spinalonga où trône une ancienne forteresse vénitienne cachant un village abandonné. Ce rocher qui abrita tour à tour des bastions italiens puis turcs lors de l'occupation ottomane de la Grèce, fut de 1903 à 1957, le lieu de relégation et d'exil de dizaines de personnes atteintes de la lèpre, placées en quarantaine pour éviter toute propagation de la maladie. Plusieurs femmes de la famille d'Alexis y aurait vécu et péri à la faveur de circonstances que la jeune femme dévoile l'une après l'autre. Ce livre, très romanesque et agréable à lire mêle avec habileté l'existence assez banale d'une famille grecque sur plusieurs générations avec la destinée de la léproserie de Spinalonga, de sa création à sa fin lorsque la mise au point de traitements médicaux efficaces permit aux exilés survivants de réintégrer la société. Loin de n'être que de pauvres hères attendant leur trépas, les malades, les premiers temps logés dans des conditions difficiles et précaires s'organisèrent au fil des ans pour améliorer le quotidien de leur communauté. Aménager leurs demeures, installer l'eau courante, l'électricité, réussir à faire construire un hôpital, des commerces et même s'octroyer des séances de projection cinématographiques ! Une histoire au ton à la fois tragique et optimiste à découvrir.
Que ferrions-nous de nos jours si une épidémie se déclarait à l'échelle mondiale comme ce fut le cas en 1918 avec la pandémie de grippe espagnole qui saigna des populations déjà durement éprouvées par la Première Guerre Mondiale ? De nombreux scénarios-catastrophe ont pour thème une humanité décimée par un virus incurable, le film Contagion de Steven Soderbergh sorti en 2011, est d'autant plus efficace dans son propos qu'il évite tout effet sensationnaliste ou glauque dans sa description d'une épidémie.
Le film s'ouvre le second jour de l'épidémie, une jeune femme en transit dans un aéroport américain, de retour d'un voyage d'affaire en Chine, se sent fiévreuse, couvant les premiers symptôme du mal qui l'emportera et commence à essaimer. Ici point de héros sauvant ses congénères d'une menace clairement identifiée, l'ennemi est un microscopique virus apparu dans des circonstances obscures qui tue sans façons ni discrimination à quelques exceptions près. Tout l'enjeu des nombreux protagonistes de ce thriller médical d'anticipation sera d'identifier la source du virus dans l'espoir de concevoir un traitement. La caméra suit dans un mécanisme choral et clinique ces êtres dans la tourmente sans les juger, dressant chaque portrait avec équité : le mari endeuillé de la première victime - renommée patient zéro - qui par un hasard génétique est immunisé contre le virus, des chercheurs de l'OMS au prise avec leur hiérarchie et l'urgence de la situation, un escroc blogueur profitant de la confusion générale pour faire son beurre en monnayant des prêches et remèdes douteux via des vidéos internet, etc. Le film s'achève en bouclant la boucle revenant avant la première scène, au jour qui a vu éclore le virus. Je conseille ce film à tous les publics adolescents et adultes, exceptés aux hypocondriaques ;)
Terminons sur une musique entraînante et quelques vertigineuses acrobaties, à bientôt !

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