Corps sous contrôle

Bonjour, nous sommes à l'approche de l'été, le soleil ressort et les journaux féminins recommencent à parler de mode estivale, de régime, etc. Les parures, manières de s'habiller, d'apprêter et de modifier son corps jouent un rôle très important dans toutes les civilisations, elles sont indicatrices de multiples codes sociaux. Par exemple, peu de gens en ont conscience mais la manière dont on traite esthétiquement le corps féminin a souvent pour objectif, en plus de lui donner un aspect jugé plus attrayant, de le maintenir sous contrôle, lui ôter sa spontanéité et sa liberté de mouvement.
Jugez plutôt, comment peut-on marcher librement ou courir avec ce genre de chaussures, et pourquoi seules les femmes en portent-elles ?
Puisqu'on parle de chaussures venons en aux pieds. Autrefois en Chine on avait pour tradition de bander les pieds des petites filles dès l'âge de six ou sept ans pour leur donner une forme pointue et une taille de sept ou huit centimètres. Ces pied en forme de "lotus dorés" étaient considérés comme le summum de la perfection, obtenus par un procédé relevant de la torture et empêchant leur détentrices de courir ou même de marcher normalement.
Le dessinateur Li Kunwu raconte dans la bd Les pieds bandés, sortie en mars 2013, l'histoire de cette coutume et de son éradication à l'époque de la révolution culturelle chinoise à travers le destin de son ancienne nourrice Chunxiu. L'histoire commence au début du vingtième siècle lorsque la mère de celle-ci, désirant pour sa fille un avenir confortable, c'est à dire un mariage avantageux, lui fit bander les pieds par une professionnelle. Mais une dizaine d'années plus tard, la révolution culturelle de 1912 fit interdire un certain nombre de coutumes ancestrales dont celle des pieds bandés. Les femmes ayant subi cette pratique durent se faire discrètes et Chunxiu vécut pauvrement toute sa vie recluse dans son village. Passé la soixantaine, elle fut engagée par un cadre du parti communiste pour servir de nourrice à ses enfants, l’auteur et sa petite sœur, à qui elle transmit les légendes de l'ancienne Chine et les récits de la vie au temps de sa jeunesse.
 

Une autre coutume ancestrale se targuant de débarrasser les femmes de leur prétendue laideur et impureté est l'excision, en fait une odieuse mutilation qui consiste à couper le clitoris, entraînant parfois la mort et, dans tous les cas, la perte du plaisir sexuel.
L'ancienne top-model Waris Dirie, aujourd'hui ambassadrice de l'ONU contre les mutilations sexuelles traditionnelles est née en Somalie en 1965. Elle relate en 2001 dans le livre Fleur du désert - titre qui est la traduction de son prénom - l'origine de son combat. Waris a passé son enfance dans le désert au sein d'une famille d'éleveurs nomades. A cinq ans, elle est excisée, à treize ans, promise en mariage à un vieillard, elle prend la décision de fuir. Sa mère la fait envoyer chez un oncle résidant en Angleterre où elle vit de petits boulots, jusqu'au jour où un photographe de mode la remarque et l'introduit dans le monde des mannequins. C'est en se confrontant à la culture occidentale, aux regards d'autres femmes qu'elle prend conscience de la cruauté de ce qu'elle a subit. Son témoignage est intelligent et plein de justesse. Elle ne jette pas la pierre à sa famille ni à sa culture d'origine mais se montre intraitable face aux traditions archaïques qui ne visent qu'à maintenir les femmes dans un état de sujétion. Waris est aussi très critique envers l'univers de la mode, sa superficialité et ses dangers et sur ce que notre culture peut avoir d'oppressant et d'agressif.
En effet, en matière de mutilations corporelles, les occidentaux se débrouillent aussi assez bien, en témoigne les ravages de la chirurgie dite esthétique.
Ces femmes n'ont même plus l'air humaines, c'est angoissant. Loin de cette laideur, je vous présente le travail de la chanteuse Judith Holofernes,
terminons sur un bon rock allemand, à la semaine prochaine !

Commentaires

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  5. La sociologue marocaine Fatema Mernissi disait en 2001 : "A Téhéran, si vous ne mettez pas de tchador, un policier vous rappelle à l’ordre. En Occident, la terreur est plus immatérielle. Il suffit de faire circuler des images pour que les femmes s’épuisent à leur ressembler. Tout va bien si vous rentrez dans du 38. Sinon, vous n’êtes pas dans la norme et vous ne pouvez même pas vous révolter. C’est surréaliste, comme type de violence. Les musulmanes jeûnent un mois par an ; les Occidentales, c’est toute l’année !"
    On entend toujours l'affirmation selon laquelle les femmes occidentales seraient mieux loties que les femmes qui vivent dans les pays de culture musulmane... Les femmes complexées à cause du moindre bourrelet, intégralement épilées, maquillées et manucurées, bronzées aux UV, portant un string qui rentre dans les fesses et un soutien-gorge push-up qui compresse les seins, vêtues d'un slim qui serre ou d'une jupe moulante qui gêne pour marcher et s'asseoir, de chaussures à talons qui entravent et limitent les mouvements, les cheveux parfois décolorés et lissés, tirées à quatre plis sont-elles moins soumises que celles qui portent la burqa ?
    Quant à la chirurgie esthétique, elle se répand de plus en plus... J'ai lu que depuis quelques années, un nombre croissant de femmes se font refaire la vulve ! Il n'y a plus une seule parcelle du corps féminin qui y échappe...

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  6. L'écrivaine québecoise Nelly Arcan appelait ce phénomène "la burqua de chair", on ne peut montrer son corps que s'il a été apprêté pour paraître plus artificiel et inoffensif. Tout à l'heure dans un centre commercial regorgeant de photos de femmes en petites tenues, j'ai vu une jeune femme essayer d'allaiter son nourrisson tout en cachant tant bien que mal son sein avec une couverture, ça résume bien la chose on ne veut pas voir le corps "animal" des femmes jugé trop agressif.

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