Naissances mythiques

 
Bonsoir, aujourd'hui nous allons reparler un peu de mythologie, parce qu'il y a eut beaucoup de débats sur la filiation lors du débat sur le mariage pour tous et que la question des liens entre procréation, sexualité et parentalité a été âprement discutée. Aujourd'hui il est possible d'aider des couples inféconds à procréer grâce à l'aide de tiers avec procédure médicale, hors relations sexuelles, et la parentalité est revendiquée comme un choix voire un projet mûrement orchestré. On en oublie presque tous les fantasmes et histoires nés des interrogations face à l'engendrement.
Liebe (amour) par Michael von Zichy (1911)
Biologiquement parlant, faire un bébé ne nécessite, il est vrai, que le mélange de deux cellules masculine et féminine, et la nidification de l'embryon créé au sein de la matrice d'une femme où le futur enfant se développera neuf mois durant. Il n'en reste pas moins que les naissances ont été considérées pendant des millénaires, malgré leur réalité quotidienne très banale, comme résultantes d'un processus incompréhensible et merveilleux, dont on ne savait trop s'il était le fait d'une nature toute-puissante où de malicieuses divinités. Toutes les civilisations ont, dès les prémisses de l'humanité, noté le lien entre sexualité et procréation mais on a commencé à décrire avec précision les détails "techniques" que vers la fin du dix-huitième siècle grâce à l'invention du microscope et la découverte des gamètes.
Voici donc quelques antiques récits de naissances surnaturelles. D'abord un conte extrait du Mahâbhârata, la plus ancienne épopée indienne, puis une légende celtique faisant partie de la geste arthurienne et enfin un récit de la mythologie grecque.
Le roi Vasu s'en alla par un beau matin à la chasse, après avoir coursé le gibier tout le jour, il s'arrêta, épuisé, pour passer la nuit au cœur de la forêt. Revoyant le charmant visage de sa femme en songe, il se caressa et éjacula sur une feuille qu'il confia ensuite à un aigle afin qu'il la rapporte à sa bien-aimée. En court de vol, l'aigle fut attaqué par un de ses congénères et lâcha la feuille qui tomba tout droit dans les remous d'une rivière où elle fut avalée par un poisson. L'animal n'était autre qu'Adrika, une apsara, une nymphe céleste changée en bête par une malédiction. Un certain nombre de mois plus tard, l'infortunée tomba dans les filets d'un pêcheur qui, à sa grande surprise, trouva deux nouveaux-nés fille et garçon dans les entrailles du poisson. Le pêcheur présenta les enfants à Vasu qui fit du garçon, Matsya, son héritier, quand à la fille, Satyavati, elle épousa plus tard un roi et fut l'ancêtre d'une longue dynastie.           
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Apsara du temple indien de Karnataka
La magicienne Kerridwen dont le troisième enfant était absolument dépourvu de qualités décida de préparer pour lui une potion de connaissance. La mixture devait bouillir pendant un an dans un chaudron et seules les trois premières gouttes donneraient à celui qui les boirait le savoir primordial. Elle la plaça donc sous la surveillance d'un vieil aveugle et d'un jeune homme nommé Gwyon Bach. Au bout d'un an, Gwyon s'endormit contre le chaudron durant son tour de garde sans baisser le feu sous le chaudron qui bouillonna et gicla sur sa main. Brûlé, il la porta à sa bouche sans réaliser qu'il avalait les gouttes pourvoyeuses de magie. Kerridwen, furieuse, se lança à sa poursuite. Il se changea en lièvre pour lui échapper, elle le rattrapa sous la forme d'un chien, il devint poisson, elle le poursuivit en loutre, il fut alors oiseau mais elle, impitoyable, fut vautour, enfin il se transforma en un minuscule grain de blé et la magicienne, devenue poule noire l'avala sans pitié. Kerridwen s'aperçut plus tard qu'elle était enceinte, elle comprit qu'il s'agissait du fautif et résolut de le tuer à la naissance. Mais le bébé était si beau qu'elle se contenta de l'abandonner sur la rivière dans un petit radeau. Il fut recueillit par le fils d'un roi et devint le célèbre barde Taliesin.  

Zeus, maîtres des dieux grecs de l'Olympe, poursuivait de ses assiduités nombre de belles nymphes et mortelles de haut lignage, usant de toutes les métamorphoses possibles et imaginables pour les approcher. Léda, reine de Sparte, fut l'une de ses dernières conquêtes. Elle aimait se promener au bord des rivières pour y observer les oiseaux, fut un soir accostée par un grand cygne blanc, le laissa s'approcher et l'étreindre. Peu avant ou après cette rencontre, Léda s'était unie à son mari et quatre enfants furent conçus de cette double fécondation. Deux garçons et deux filles moitié humains moitié divins, venus au monde dans des œufs de cygne, Castor et Pollux qui après leur mort formèrent la constellation des Gémeaux, Hélène à la beauté surnaturelle dont l'enlèvement fut cause de la guerre de Troie et Clytemnestre, surtout connue pour avoir tué son mari qui avait fait sacrifier leur fille ainée afin d'obtenir des vents favorables jusqu'à Troie.       
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Léda et le Cygne par Cesare da Sesto d'après Léonard de Vinci (vers 1510)
Comme vous pouvez le constater les femmes n'ont pas vraiment le beau rôle ^^ Je ferais peut être une note sur le sujet, en attendant n'hésitez pas à aller explorer les mythes exposés, ce ne sont ici que des fragments qui s'inscrivent au sein de récits beaucoup plus complexes et passionnants.
Une animation musicale insolite pour terminer, à la semaine prochaine !

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