Détournement

Bonsoir, aujourd'hui suite à la note d'il y a deux semaines, j'ai eu envie d'explorer encore un peu les différentes réalisations nées d'imitations, parodiques ou non, de différentes oeuvres.
Certains films ont eu un succès tel qu'ils ont entraîné une pléthore de nouvelles productions déclinant jusqu'à l'écoeurement l'idée principale de l'oeuvre originale. Ainsi Les dents de la mer, sorti en 1975, a inspiré de très nombreux scénaristes, désireux de faire des films mettant en scène de monstrueux requins.
L'émission Escale à Nanarland (épisode 66) en a recensé quelques uns que je vous invite à découvrir, http://www.allocine.fr/video/emissions/nanarland/episode/?cmedia=19458730
pour ma part, j'aime assez l'attaque des requins sous le sable !
La publicité s'empare aussi d'images prestigieuses et mondialement connues afin de mieux frapper les esprits, ce qui peut parfois les éclairer d'un jour surprenant.
Selon la légende Rome fut fondée par les jumeaux Romulus et Remus, ils étaient les enfants de la vestale Rhéa Silvia, emprisonnée pour avoir brisé son voeu de chasteté. En effet, même si elle avait l'excuse d'avoir été nuitamment visitée par le dieu Mars, cette faute était impardonnable aux yeux du roi Amulius son oncle, qui l'avait précisément nommée prêtresse afin qu'elle n'engendre pas de descendance susceptible de revendiquer son trône. Livrés dans un couffin aux flots du Tibre, les nouveaux-nés furent recueillis et allaités par une louve, guidée par la volonté des dieux de préserver leurs fils. La louve du capitole, sculptée vers 500 av. J.C conserve le souvenir de la nourrice animale des héros fondateurs et a été déclinée sous toutes les formes depuis cette époque.  
Cette réclame pour du café fait ainsi curieusement écho à un aspect quelque peu oublié du mythe. Selon certains auteurs, la louve en question n'était pas un animal mais une femme, l'épouse du porcher qui adopta les nouveaux-nés. Elle faisait commerce de ses charmes et on l'appellait "louve", surnom habituel des prostituées de ce temps. Du coup, cette image peut apparaître comme un clin d'oeil à cette version  plus triviale, au delà de l'habituelle mise en scène porno soft chère aux publicitaires, un peu tempérée par l'attitude protectrice de la jeune femme envers les bébés.
Il y a aussi les cas de parodies spontanées de productions mainstream indigentes comme les romans photos ou les nanars que presque plus personne ne regarde au premier degré. Le support d'origine est si caricatural et calibré que tout le monde peut construire son petit délire dessus.
J'ai trouvé celui-ci sur un forum de bd, vous pouvez en lire l'intégralité et la discussion qui suit sur ce lien http://bdtrash.forumdediscussions.com/t925-fleurs-de-la-passion. Il raconte en gros l'histoire d'une fleuriste et d'un avocat, attirés l'un par l'autre comme un sol fraîchement lavé par le côté beurré d'une tartine. Malheureusement l'avocat est fiancé à une peste qui tente tout pout les séparer, y compris ordonner à un sbire d'effrayer l'innocente, celui-ci allant jusqu'à tenter de la violer. Mais tout est bien qui finit, la malfaisante est démasquée et chassée, les amoureux convolent sous les yeux larmoyant de la cousine de l'héroïne qui a passé l'épisode à jouer les faire-valoir, sans compter un domestique noir ayant l'air de s'ennuyer à périr car il ne devait être là que pour remplir le quota.
Un internaute en a proposé une plaisante relecture : 
"A la suite d'un quiproquo, la fleuriste reçoit des graines extraterrestres qui permettent de faire pousser des fleurs carnivores. Après que sa cousine se soit fait dévorer par accident, elle comprend le parti qu'elle peut en tirer, et s'en sert pour se débarrasser de son violeur et de sa rivale. Elle épouse l'avocat après avoir par précaution brûlé les fleurs, mais elles ont eu le temps de s'hybrider avec toutes les plantes du magasin. Lors du repas de mariage, la décoration florale mute subitement en plantes carnivores, avale mariés et invités, puis se lance à la conquête de la Terre." 
Et vous, aimez-vous ce genre d'exercice de style ? On termine en chanson par une session acoustique de Lilly Wood and The Prick
 
 à très bientôt et bonne semaine :-)

Commentaires

  1. Décidément tu fais un sacré boulot de recherche! Je n'avais jamais vu cette publicité faisant allusion au sens figuré de "lupa.Je connaissais en revanche cette explication.
    Dans le même genre et sans rapport avec cela, dans la Bible, Elie est ravitaillé par des corbeaux , or le mot hébreu que l'on a traduit par "corbeau" signifie aussi, paraît-il, "arabe"! Elie aurait pu être ravitaillé au désert par des bédouins, ce qui est plus vraisemblable!

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    1. J'avais vu cette pub il y a quelques années et elle m'avait frappé par la coïncidence avec le mythe, on retrouve facilement toutes sortes de choses sur internet ! Merci pour l'histoire des corbeaux je ne la connaissais pas :)

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  2. Protestant14/2/13 04:21

    Bonjour! A propos d'oeuvres s'inspirant d'autres oeuvres, on peut rappeler "Les Misérables" de Victor Hugo puisque voilà cette oeuvre une fois de plus reprise , en comédie musicale. Mais ce n'est pas de cela que je veux parler,mais du fait que l'oeuvre de Hugo connote les évangiles! D'abord Monseigneur Muriel, image du Christ, qui pardonne et "relève" Jean Valgean en lui offrant, avec les chandeliers d'argent, une nouvelle vie.Valgean qui change de nom et ne vit plus de sa vie égoïste mais du Christ qui l'a sauvé (ce n'est pas pour rien qu'il s'appelle maintenant M.Madeleine)et qui vit en lui( Jean Valgean descendra aux enfers: sa marche dans les égouts de Paris pour sauver Marius peut certes se lire aussi comme celle d'Orphée venu chercher Eurydice, mais le personnage du Christ a été lui-même rapproché de celui d'Orphée!)et on peut trouver bien d'autres détails évoquant les évangiles!

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  3. Ah, je ne connaissais pas ces interprétations "christiques" mais il est vrai que l'on peut trouver à une même œuvre plusieurs "couches" de références, notre culture étant le fruit d'influences judéo-chrétiennes, latines, grecques, indo-européennes...

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